28 04 | 2016

Pour des cartes restaurant anonymes

Written by Tanguy

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Contexte

Dans les années 2000, la RATP et la SNCF on progressivement imposé le remplacement des tickets de papier anonymes par des cartes à puce nommées Navigo, pour les utilisateurs d'abonnements. Le problème, c'est que ces cartes à puces étaient nominatives, et que dans un pays libre, « aller et venir librement, anonymement, est l’une des libertés fondamentales. » La CNIL a donc imposé la création d'une carte Navigo anonyme.

L'histoire bégaie un peu. Dans les années qui viennent, sous la pression de l'État, les opérateurs de titres restaurant vont progressivement imposer le remplacement des titres de papier anonymes par des cartes à puce, qui permettent un plus grand contrôle des usages, afin d'en limiter les utilisations détournées. Le problème, c'est que ces cartes à puce sont nominatives, et que dans un pays libre, se nourrir, et plus généralement consommer librement, anonymement, est l'une des libertés fondamentales. La CNIL devrait donc imposer la création de cartes restaurant anonymes.

C'est possible

Les opérateurs de titres restaurant objecteront peut-être que c'est techniquement impossible. Pour les aider ainsi que la CNIL, voici une description d'un système qui rendrait possible l'utilisation de cartes restaurant anonymes. Comme pour les cartes de transport, choisir l'anonymat peut impliquer de renoncer à certains avantages.

L'entreprise distribuant des titres restaurant à ses salariés dispose d'un stock de quelques cartes anonymes, seulement identifiées par leur numéro. Comme toute carte restaurant, chacune est associée à un compte initialement vide.

Lorsqu'un salarié demandé à disposer d'une carte anonyme, l'entreprise lui fournit une de ces cartes. Elle peut noter et transmettre à l'opérateur le fait que cette carte est maintenant attribuée, mais a interdiction de relever le nom du salarié qui l'utilise. Si le salarié disposait déjà d'une carte nominative, son numéro doit être relevé afin de cesser d'alimenter le compte correspondant, ce qui peut être traité de la même façon qu'un retrait de l'offre de titres restaurant. Évidemment, l'entreprise a interdiction de tenter de dissuader les salariés de choisir l'anonymat, et de pénaliser ceux qui feraient ce choix.

Chaque mois, lors de la distribution des titres restaurant, le salarié utilisateur d'une carte anonyme se présente en personne, comme cela se fait pour des titres en papier. Le responsable approvisionne le compte correspondant au numéro indiqué sur la carte, et note sur un registre séparé que ce salarié a bien bénéficié de la distribution. L'entreprise a interdiction de noter sur ce registre le numéro de la carte créditée, et, d'une façon générale, de noter ou de transmettre tout ce qui pourrait permettre d'associer les noms des salariés avec les numéros des cartes anonymes. Encore une fois, l'entreprise a interdiction de pénaliser les salariés qui se présentent pour une distribution anonyme.

Le salarié utilise sa carte restaurant de façon normale pour régler ses consommations et achats éligibles dans les conditions prévues. Les restaurateurs de enseignes acceptant les paiements par carte restaurant ont interdiction de pénaliser les utilisateurs de cartes anonymes. Seules les fonctionnalités annexes de gestion peuvent être affectées par le caractère anonyme de la carte : ainsi, en cas de perte, l'opposition sur cette carte ne pourra pas être effectuée avec le seul nom du bénéficiaire, mais nécessitera la connaissance de son numéro, faute de quoi elle ne pourra être réalisé, et le crédit restant devra être considéré comme non récupérable. De telles restrictions doivent être justifiées par une raison technique : ainsi, il ne serait pas admissible de restreindre une opération de promotion chez un restaurateur partenaire aux seuls titulaires de cartes nominatives.

8 comments

friday 29 april 2016 à 10:23 Tanguy said : #1

Une forme plus faible d'anonymat serait également possible, qui simplifierait la distribution : il s'agirait pour l'entreprise de conserver un registre associant les noms des salariés au numéro de leurs cartes restaurant, avec interdiction de transmettre cette liste à qui que ce soit, en particulier à l'opérateur fournissant les titres restaurant. La distribution pourrait ainsi se faire sans que le salarié ait à se présenter. À noter qu'une telle solution permettrait pas ailleurs de généraliser l'anonymat à tous les employés recevant des titres restaurant, sans surcoût administratif.

friday 29 april 2016 à 11:20 SurcouF said : #2

Les carnets de TR ne sont pas anonymes non plus : les noms et prénoms du dit salarié figure sur chaque ticket.

friday 29 april 2016 à 11:27 Aissen said : #3

@SurcouF: Ça arrive, mais ce n’est pas systématique. Seul le nom de l’entreprise est présent systématiquement.

friday 29 april 2016 à 12:51 K said : #4

La carte navigo "Decouverte" soit disant anonyme ne l est pas vraiment, puisqu il font le lien avec la carte bleue.

friday 29 april 2016 à 13:30 Tanguy said : #5

@K : Pas forcément. Un paiement par carte bancaire n'est évidemment pas anonyme, mais on peut très bien payer en liquide. Payer par carte bancaire est un acte volontaire de levée de l'anonymat.

J'ai personnellement utilisé une carte Navigo découverte, et j'affirme que la RATP n'a jamais connu mes déplacements, seulement ceux d'yune personne non identifiée.

friday 29 april 2016 à 20:58 K said : #6

@Tanguy. Oui pas forcément, mais Je peux te garantir qu'il font le lien ... Quand à payer en cash, il faudrait encore qu'il reste des guichets ouverts ... Car ce n'est plus le cas dans certaines gares ... Et les machines prennent pas les billets ... Je le vois moral réglés plus de 100€ en pièce de deux :)

monday 02 may 2016 à 21:04 sytoka said : #7

Dans les CROUS, la carte Izly est un vrai recul. Non seulement tu n'est plus anonyme mais tu donnes en plus ton compte en banque et ton téléphone portable (pour la très grande majorité mais tu ne peux éviter l'anonymat).

Ceci dis, pour les personnels, l'anonymat peut poser quelques soucis car le prix depend du salaire. Plus on gagne, plus on paye. Le système pourrait cependant n'être remis à jour que tous les ans ou deux ans lors du renouvellement des cartes.

Dans la pratique, de plus en plus de personne s'amène à manger le midi... Je pense que c'est une volonté non affiché du système !

tuesday 03 may 2016 à 10:49 Tanguy said : #8

@K : Toutes les machines ne prennent pas les billets, mais certaines le font, le mieux est de recharger dans une grande station, où il y en a toujours, ne serait-ce que pour le touristes. Quant aux guichets, de plus en plus ne font plus de vente, seulement de l'information, et je n'ai pas encore compris l'utilité de ce changement.

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